samedi 20 janvier 2007

Petit matin à Petit Anse d’Arlet – Martinique – 20 janvier

Passage de Roseau en Dominique à l’Anse St-Pierre en Martinique – 37 miles
Anse Mitan sur la Pointe-du-bout – 15,6 miles
Sauts de puce à l’Anse Noire – 3 miles, à Grand Anse d’Arlet – 4 miles
puis à Petit Anse d’Arlet – 3 miles



Bruno


À la demande générale répétée et insistante, je reprends enfin le clavier et la souris. Oui je sais, je sais, nos longs commentaires vous ont dramatiquement manqués. C’est que ces dernières semaines, j’ai dû laisser s’accumuler le courrier de nos innombrables lecteurs pour cause de surmenage et blessure accablante. Le passage de l’ouragan Beaulieu-Savidge durant le temps des Fêtes, m’a permis de découvrir que la légendaire soif anglaise pour la cervoise tiède croisée à la ‘joie de vivre’ québécoise faisaient vraiment un heureux mélange. Par contre, l’état d’esprit final étant plus propice à réinventer le monde qu’à mettre à jour son journal de bord, les occasions d’écrire ne se sont simplement pas pointées durant deux semaines. Et comme pour moi les abus (a bu) se payent maintenant plus durement, mon nerf sciatique gauche m’a rappelé violemment son existence le veille du départ de la visite. Robaxacet, Advil, Bengay, une visite chez le doc de service à St-Pierre, 20 injections dans la bas du dos pour réduire les spasmes musculaires, une prescription d’anti-inflammatoires, de puissants antidouleurs à la codéine et un traitement chez le kinésithérapeute plus tard, la vie revient à la normal. Je peux vous dire que le pire endroit au monde pour avoir un mal de dos, c’est vraiment sur un bateau. Pire encore, en mer durant un grain (il y en a en moyenne trois par jours) alors qu’il faut aller sur le pont descendre ce qu’il reste de grande voile à la pluie battante en s’accrochant à tout ce qui ne bouge pas. Mais rassurez-vous, avec un peu d’effort, j’arrive maintenant à écrire.


Bon, assez de complaisance narcissique, mon dos va beaucoup mieux ce matin et nous reprenons en Martinique un rythme de vie plus lent et contemplatif qu’il est bon de retrouver. Même en voyage pour une période aussi longue, nous sommes constamment en dilemme entre faire et vivre. L’environnement nous interpelle tellement à courir comme des touristes de passage assoiffés d’images et de sensations qui passent malheureusement souvent à côté de l’essentiel. C’est comme s’il fallait absolument tout faire et tout voir coûte que coûte à chaque île et dans chaque mouillage où l’on s’arrête. Depuis quelques jours, j’ai vraiment de goût de ralentir. De prendre le temps de mieux faire l’école aux enfants plutôt que de leur pousser dans le cul pour s’en débarrasser au plus vite. De prendre le temps de respirer un peu plus à chaque mouillage et de se laisser imprégner du rythme et du style de vie de chaque village. J’ai parfois encore l’impression d’arriver à la fin de la journée comme si j’avais ramé comme un dingue (faut dire qu’avec mon dos…). Brigitte me dirait sûrement qu’il y en a qui se plaignent vraiment la bouche pleine. Et elle aurait bien raison. Mais c’est fou comme le rythme frénétique dans lequel nous avons tous grandi est difficile à briser.

Lorsque nous visitions la Dominique, nous avons été frappés de voir à quelle vitesse les gens se déplacent à pied (la majorité ne semblent pas avoir de voiture). Si l’adulte 18-45 nord-américain habitant en région urbaine et de constitution normale marche à une vitesse moyenne de 6 km/h, je dirais que le Dominicain moyen se déplace à une vitesse maximale de 3 km/h lorsqu’il travaille et 2 à l’heure de pointe de son retour à la maison (et j’exclus les rastas qui sont en grands nombres sur l’île). Je dois dire que c’est plutôt inspirant à voir mais pratiquement impossible à mettre en application.

Après une traversée en Martinique à grande vitesse avec des Alizés d’un peu plus 20 nœud dans le travers et des creux intimidants qui atteignaient à l’occasion 4 mètres, un douzaine de dauphins sont venus nous accueillir en grande pompe et nous souhaiter la bienvenue en terre française. Juste au moment où la traversée commençait à se faire longue et où l’équipage avait commençé à perdre son sourire, leur apparition inattendue a été comme un cadeau du ciel. L’excitation intense et les hurlements ont durée un bon 5 minutes alors que les dauphins nous on fait un show qu’on aurait dit chorégraphié. Apparition à trois en parallèle sur bâbord, saut à deux juste en avant de l’étrave, jeux en famille avec les bébés dauphins dans le sillage du bateau. C’est vraiment des animaux joueurs qui ont une joie de vivre contagieuse. L’euphorie nous a suivie jusqu’à notre arrivée à Anse St-Pierre. Neptune nous a de nouveau fait les honneurs entre Grand Anse d’Arlet et Petit Anse d’Arlet alors qu’un autre groupe de dauphins encore plus important est venu jouer autour du bateau. Très petite navigation sans vent et sans vague mais très grand émoi.
Antoine – C’est tellement beau que j’ai envie de pleurer !
Julien – C’est le plus jour de toute ma vie !


St-Pierre a été jusqu’en 1902 la capitale de la Martinique, année durant laquelle la Montagne Pelée est entrée en éruption rasant de la carte la ville et ses 30000 habitants européens pour la majorité. Tous sauf un, un prisonnier qui a survécu miraculeusement aux coulées de laves grâce à l’épaisseur des murs de sa cellule. On a donc visité les ruines du théâtre et les restes du fameux cachot de Cyparis.




Mouillage à l'Anse Noire en solitaire pour la première fois. Plongée magnifique.


Journées de farniente totale à Grand Anse d'Arlet.











Sault de puce à Petit Anse d'Arlet et encore une journée de plage.

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