Passage Antigua – Guadeloupe – 20 décembre – 42 milles
Bruno
Déjà trois ou quatre jours que la prise de météo, matin et soir, prend plus d’importance. J’ai même passé trois heures à décoder, lettre par lettre, tous les messages codés que je reçois du Navtex-300 dans lesquels il est sensé y avoir une météo qui m’est destinée. Le Navtex est un genre de télé prompteur de nouvelles marines de tout ordre, mais qu’on ne voudrait surtout pas à avoir à lire en direct.
Nous nous sommes donnés une période cinq jours pour trouver la bonne fenêtre météo pour se lancer dans le passage entre Antigua et la Guadeloupe. «Vents ESE 15 à 25 nœuds avec grains à 30 nœuds, vagues de 6-7 pieds». Non c’est encore un peu trop fort. Mais c’est la température que nous avons depuis deux semaines. Parce qu’ici, il pleut entre trois et dix fois par jour, mais rarement plus de 5 minutes. Et en mer, c’est souvent des grains qui sont accompagnés de vents plus forts, qu’il faut voir venir à temps et ajuster la voilure en conséquence.
Ce n’est pourtant pas la première fois que je fais ce genre de navigation vers le large. Mais les autres fois, nous étions 5 ou 6 hommes à bord, volontaires, majeurs et vaccinés et je n’étais pas le capitaine. Cette fois, je suis capitaine et matelot à la fois. Nathalie est encore incertaine à la barre et les moussaillons manquent encore un peu de force pour compléter les manœuvres, surtout par vagues et vents forts.
La semaine dernière, lors d’une petite navigation vers Green Island alors que la mer était plutôt grosse (20kt avec des creux de 10 pieds), la drisse m’a glissé des mains alors que j’essayais de l’attacher à la grande voile. Avec le bateau qui bouge dans toutes les directions et le vent qui souffle, la drisse s’envole, s’emmêle dans les haubans et autour des barres de flèche. Alors que j’essaie d’attraper la drisse au vol avec la gaffe, en faisant gaffe de ne pas foutre le camp à l’eau et en m’agrippant au mât de la seule main encore disponible, je confie la barre à Nathalie. Mayday. Mayday. Mayday. Ici Nathalie. Nathalie. Nathalie. C’est la panique à bord. Le bateau qui se met dans le sens des vagues, fait du 45° d’inclinaison en roulant d’un coté à l’autre. Nathalie me fait alors des vocalises encore jamais entendues. Bref, ce fut un moment très intense qui s’est terminé par un long silence pénible pour tous. C’est le genre de situation qu’il faut que je prévienne à tout prix. La confiance encore fragile de l’équipage en dépend. J’aurais dû attacher la drisse à la voile avant de quitter le mouillage. Je n’aurais pas eu à monter sur le pont dans les vagues et je n’aurais pas échappé la drisse. L’histoire a tout de même valu à Julien un tour en tête de mât et une vue imprenable sur un mouillage que nous n’avions pas prévu à Mamora Bay.
La décision est prise, nous partirons le 20 au matin, très tôt. La météo est à son meilleur avec 12 à 20 nœuds du SE et des vagues de 1,5 à 2 mètres (nous traversons en France après tout). Aucun avertissement particulier de grains en vigueur. La nuit du 19 est d’un calme troublant à comparer aux autres nuits passées à English Harbour. C’est à croire qu’Éole à entendu mes prières.
Le cadran sonne à 05:00. À 06:00 pile l’ancre est en place sur le balcon avant et nous sortons de la baie aux premières lueurs du matin. Il y a juste assez de lumière pour pouvoir zigzaguer entre les bouées et les bateaux encore endormis. Le moment en empreint de magie et d’intensité. La mer qui s’ouvre devant nous est parfaite, tout comme cette première traversée le sera. Éole a même passé le mot à Poséidon. Même si le vent souffle à 15 nœuds, la mer est presque plate à cause de la nuit sans vent. Et nous quittons Antigua au bon plein à 6.5 nœuds de moyenne en direction de l'anse Deshaies en Guadeloupe. Distance à parcourir 42 milles, temps et vitesse estimés à 8 heures à 5 nœuds.
Nous arrivons au mouillage en Guadeloupe à 13h00.
Et vive la France !
Nous sortons à peine d'English Harbour.
Antigua dans le sillage.
Le soleil qui perce enfin.
Toujours aucune terre en vue.
La pêche sera peut-être meilleure la prochaine fois.
Et la fameuse bouteille à la mer.
Terre ! Terre ! (Les Gaugau..., les Gaugau..., les Gaulois !)
À l'approche de l'anse Deshaies.
Le mouillage de rêve, visite du village et soirée à la Créole.
Mais ça c'est une autre histoire.
1 commentaire:
Salut Julien,
C est l autre Julien.Je voulais juste te souhaitée de joyeuse fetes en retard.J'espère que tu as reçu beaucoup de cadeaux, moi oui.J'ai reçu une raquette de badminton pour me félicité de ma 2 place et en passant l'école a gagner la banière.J'ai aussi reçu des c-d et je me suis acheté un iPod nano bleu de 4go(sois 1000 chansons et 25 000 photos).Alors je te souhaite bon voyage.
bye chow
-Julien Métivier-
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